L'art de s'alléger

Une maison malade : Symptômes et Conséquences

Un espace encombré, en désordre, mal entretenu est un symptôme, celui d’une maison malade. Nos maisons sont bien plus que de simples lieux de vie. Elles témoignent de nos petits désordres intérieurs, de nos déséquilibres, de nos souffrances, à cela s’ajoute un cercle vicieux, ce désordre alimentant le stress et l’angoisse.

Pourtant, derrière ce chaos apparent se cache un précieux message. Avant de poursuivre, je vous invite à garder l’esprit ouvert face à cette idée qui peut surprendre :

Derrière chaque douleur se cache une intention positive, une opportunité de prise de conscience et un chemin d’évolution.

Aussi inconfortable soit-elle, la douleur est une information précieuse. Elle met en lumière nos problématiques et nous pousse, si nous l’acceptons, à les résoudre.

Pour illustrer ce lien puissant entre notre environnement et notre psyché, laissez-moi vous raconter mon histoire, celle de mon couple.

Un nouveau départ

Monsieur C et moi sommes ensemble depuis 14 ans. Nous avons emménagé dans notre maison, en location, en août 2019. J’étais enceinte, et nous venions de quitter Paris pour la Bretagne. Pourquoi la Bretagne ? Nous souhaitions agrandir notre famille, nous avions déjà quatre animaux et n’avions pas les moyens de louer un appartement assez grand pour accueillir tout le monde. Nous voulions aussi nous mettre au vert. Rennes restait proche de Paris en train, et surtout, cela me permettait de poursuivre mes études de chant lyrique au conservatoire de Rennes, où je souhaitais m’inscrire pour passer un DEM.

Notre stratégie était la suivante : Monsieur C partirait en premier, trouverait un travail et obtiendrait un CDI, indispensable pour louer une maison (sans CDI, pas de logement). Ce qu’il fit. Son emploi étant rémunéré au SMIC, voire à peine plus, nos moyens étaient limités et nos choix restreints. Il s’est emballé pour la maison dans laquelle nous vivons encore aujourd’hui : la cheminée, les vieilles pierres…

À mon arrivée, je m’y suis tout de suite sentie très mal. J’ai mis cela sur le compte de la grossesse et de notre isolement. Quitte à déménager, autant le faire dans un endroit où nous n’avions ni famille ni connaissance ! Inconscients mais amoureux, nous avons commencé notre vie là-bas. Les voisins étaient sympas, c’était déjà ça.

Des complications

Au fil du temps, je me suis sentie de plus en plus mal. Mon comportement devenait étrange, j’étais constamment sur le fil, tendue et irritable… Je ne me reconnaissais plus. Au début, nous avons attribué cela à la grossesse, mais dès que je quittais la maison, tout allait mieux.

Notre maison étant située en dessous du niveau de la route, nous avons été inondés en 2019, puis à nouveau cette année avec les deux tempêtes qui ont frappées la Bretagne, mais cette fois par capillarité, l’eau remontant à travers les plinthes.

Je trouve d’ailleurs très étonnant que nous soyons victimes d’infiltrations plutôt que d’un incendie ou d’un cambriolage. Cela faisait 10 ans, 10 ans que nous vivions dans un appartement à Fontenay-sous-Bois, où nous faisions face à des remontées capillaires et une fissure qui pourrissaient nos murs. Cette « coïncidence » m’amuse… N’était-ce pas là un premier message adressé à notre attention ? Nous répétions un schéma. Inconsciemment, nous avions choisi une maison avec les mêmes problématiques que notre précédent logement.

Nous avons aussi eu droit à un nid de frelons, certes secondaire, mais avec la grossesse et nos 4 animaux, nous n’étions vraiment pas tranquilles.

Cette maison, nous ne l’avons jamais réellement investie. À l’heure où je vous parle, c’est encore le cas : cette maison que nous n’aimons pas, est malade.

C’est d’ailleurs l’une des raisons qui m’a poussée à me former au Home Organising. Au-delà de mon goût pour l’accompagnement, l’organisation et le rangement, il y avait une souffrance. Je pense même que cette souffrance a été amplifiée par le fait que, malgré mes compétences, je n’arrivais pas à m’en sortir.

Un couple en péril

À la naissance de notre enfant, nous avons dû faire chambre à part. Il n’y a qu’une seule chambre, et mon compagnon se levait à 5 heures du matin pour aller travailler. De mon côté, j’allaitais et je voulais éviter de le réveiller à plusieurs reprises durant la nuit, sachant que son travail était loin, qu’il se levait tôt et qu’il avait un métier physique. Je me suis donc retrouvée seule avec mon bébé, sans famille, sans amis, en pleine période de COVID, et avec un compagnon qui travaillait jusqu’à 11h30, certes, mais qui dormait ensuite pendant des heures. Je devais gérer seule les tâches ménagères, prendre soin des animaux, préparer les repas… Bref, j’ai craqué, et la dépression s’est invitée dans notre foyer. Notre relation s’est inévitablement dégradée.

Et maintenant?

Monsieur C vit désormais sur la mezzanine, qui était censée être notre chambre conjugale. Cette pièce est devenue un fourre-tout, accumulant des fonctions incompatibles et empêchant tout espoir de rétablir notre relation. Elle sert à la fois de chambre, de salle de jeux, d’espace de stockage, de salon et même de QG pour nos animaux (nous en avons cinq actuellement). La multiplication des fonctions a créé un espace encombré, constamment en désordre et sale. De plus, il n’y a pas de porte, ce qui ne facilite pas l’intimité.

Ce chaos est le reflet de notre vie de couple : il témoigne d’une perte de sens et de repères. Le domaine du couple est laissé à l’abandon, parasité par d’autres domaines (parentalité, loisirs…), et que dire de cette brillante idée de transformer une chambre conjugale en salle de jeux ?

Si je faisais de la psychologie de comptoir, je dirais que cela place notre enfant au sein même de notre intimité supposée, que notre enfant se retrouve entre mon compagnon et moi, et c’est ce que nous constatons au quotidien. Il y a maintenant deux clans dans notre famille : mon fils et moi versus Monsieur C. Cette fusion avec mon enfant peut s’expliquer ; j’ai pris conscience récemment, grâce à une professionnelle, que pendant des mois, à cause du COVID, mon bébé n’a vu que moi. Dans un autre contexte, la fusion n’aurait peut-être pas été aussi forte. J’aurais vu des professionnelles, fait des rencontres parents-bébé, ma famille serait venue…

Quel avenir pour notre couple?

Après 5 années, se pose aujourd’hui une question essentielle : la séparation ou la réconciliation ? Nous avons fait le choix de nous faire accompagner sur cette question, notre couple est trop abîmé. Notre maison témoigne de tout cela, toutes les pièces sont impactées, toutes les sphères de notre vie : nos finances, notre santé (je vais découvrir mardi prochain les joies d’une biopsie du foie), notre parentalité, notre vie sociale (choisir une maison dans laquelle on ne peut pas recevoir n’est pas anodin, mais ce serait l’affaire d’un autre article)…

Mon expérience personnelle n’est pas un cas isolé. Les difficultés que je rencontre dans notre maison sont une manifestation physique de tensions et de souffrances invisibles, que l’on retrouve dans toutes les maisons qui, comme la nôtre, sont tombés malades.

Une Maison Malade

Une maison malade a un impact profond sur la vie de ses habitants, leurs relations, leur santé… Les symptômes sont visibles pour ceux qui veulent bien les observer. Ces signes sont le reflet d’un cycle où l’état intérieur des habitants nourrit la maladie de la maison, et où cette dernière, une fois malade, vient amplifier les maux de ceux qui y vivent.

Encombrement et désorganisation

  • Le désordre sauvage : Ce désordre visible qui envahit chaque coin de la maison, un évier qui déborde, une corbeille de linge sale qui ne cesse de grossir, sans oublier les jouets qui jonchent toutes les pièces…
  • Le désordre domestiqué : Celui des placards, des tiroirs, où s’accumulent des objets inutilisés et oubliés.
  • Des pièces qui cumulent des fonctions incompatibles : bureau / salle de jeux, chambre / loisirs ou bureau, salle de sport / espace de stockage…

Abandon

  • Des appareils en panne (frigo, machine à laver…), du papier peint décollé, des ampoules grillées non changées, une chasse d’eau défectueuse ou encore des canalisations bouchées…
  • De la saleté partout

De l’inattendu

Quand vous vivez à répétition des expériences telles que des cambriolages, incendies ou inondations, à mon sens, il s’agit plus que de simples coïncidences.

Une mauvaise santé

  • Un malaise constant : Un sentiment persistant de mal-être, un manque d’énergie, une incapacité à se sentir bien chez soi.
  • Des maladies récurrentes : Causées par le stress, l’humidité, les moisissures, la saleté…
  • Fatigue chronique, burn-out, problèmes de concentration : Un stress visuel constant qui pèse sur votre charge mentale. Une liste de choses à faire interminable.
  • Addictions : Pour ma part, aux écrans comme stratégie de fuite, mais toutes les addictions fonctionnent quand il s’agit de fuir une réalité compliquée.

Dégradations des relations

  • Des conflits permanents : La tension monte dans un environnement où le chaos est omniprésent.
  • Le désir d’échapper à ce foyer : L’envie de fuir son chez-soi, de s’attarder dans la voiture en rentrant du travail, de choisir un emploi loin de la maison, de cumuler les loisirs et activités…

Un premier pas

Il est essentiel de comprendre que nous ne sommes pas responsables de l’état de notre maison. Il ne s’agit pas de fainéantise ou de manque de volonté. Notre maison reflète nos blessures et nos souffrances accumulées au fil du temps. Nos espaces de vie, qu’ils soient en ordre ou en désordre, sont le miroir de nos luttes internes et de notre parcours personnel.

La bonne nouvelle, c’est que si notre maison peut influencer notre état intérieur, en agissant sur elle, nous pouvons aussi amorcer un processus de guérison. À ce propos, je vous invite à écouter cet extrait d’une théorie développée par Elodie Wery, ma formatrice, qui explore le lien entre le corps et la maison. « Mon corps, ma maison ».

Vous pouvez être soutenu dans cette démarche, que ce soit par un accompagnement professionnel ou via des ressources diverses comme des groupes Facebook, des blogs, des forums, des livres, des vidéos ou des conférences.

Cette multiplicité de ressources témoigne d’une souffrance partagée par énormément de monde. Vous n’êtes pas seul!

Le premier pas vers la guérison est de se rendre compte de la situation, de la souffrance générée par cette dernière.

En prenant soin de notre maison, nous entamons un travail sur nous-mêmes. C’est un processus qui peut être lent, mais chaque effort pour améliorer votre environnement est un pas vers un quotidien plus léger et serein.

 

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